Les officiers du navire braconnier sabordé, le Thunder, ont été condamnés à des peines de prison et à une amende de 15 millions d’euros.

Ce lundi, la cour suprême de São Tomé e Príncipe a déclaré coupables de falsification, de pollution, de dégradation de l'environnement et de négligence trois officiers du tristement célèbre navire de braconnage de légines, le Thunder. Tous trois ont été condamnés à des peines de prison de 32 à 36 mois pour négligence et falsification, ainsi qu'à une amende de 15 millions d'euros relative à la pollution et à la dégradation de l'environnement.

Peines de prison et importantes amendes pour le Capitaine Luis Alfonso Rubio Cataldo, l'ingénieur en chef Agustin Dosil Rey et le second mécanicien Luis Miguel Perez Fernandez - Photo: Simon AgerPeines de prison et importantes amendes pour le Capitaine Luis Alfonso Rubio Cataldo, l'ingénieur en chef Agustin Dosil Rey et le second mécanicien Luis Miguel Perez Fernandez - Photo: Simon AgerLe capitaine chilien Luis Alfonso Rubio Cataldo, le chef mécanicien espagnol Agustin Dosil Rey et le mécanicien en second Luis Miguel Perez Fernandez, également espagnol, étaient détenus à São Tomé e Príncipe depuis le naufrage du Thunder dans le golfe de Guinée en date du 6 avril de cette année. Les trois individus ont été jugés en septembre et maintenus en détention provisoire dans l'attente du verdict prononcé ce jour.

Ce cas de jurisprudence est l'un des premiers concernant le procès d'un équipage de braconniers à São Tomé e Príncipe. La sentence de culpabilité constitue une victoire dans la bataille contre la pêche illégale, illicite et non réglementée (IINR) et un indicateur du sérieux avec lequel ces actes criminels sont désormais considérés dans cette région.

Le Thunder était l'un des six navires connus pour leur implication dans la pêche IINR à la légine antarctique et de Patagonie dans l'océan austral. Les navires, que Sea Shepherd désigne collectivement comme les "6 bandits", étaient au centre de sa 11ème campagne de défense de l'océan Austral, intitulée Opération Icefish.

Lorsqu'il a coulé, le Thunder faisait l'objet d'une poursuite record de 110 jours sans interruption, menée par le Bob Barker de Sea Shepherd. Sea Shepherd a toujours affirmé que le Thunder a été délibérément sabordé dans le but de dissimuler son chargement de légines vulnérables, pêchées illégalement dans une zone gérée par la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR).

Le Thunder était sur la liste des navires IINR de la CCAMLR depuis 2006 et interdit de pêche dans la zone réglementée par cette même commission. Il faisait également l'objet d'un avis de recherche "violet" d'Interpol depuis 2013, au motif de suspicion de pêche illégale, à la demande commune des autorités néo-zélandaises, australiennes et norvégiennes.

Le Thunder faisait l'objet d'un avis de recherche violet d'Interpol depuis 2013, au motif de suspicion de pêche illégale - Photo: Simon AgerLe Thunder faisait l'objet d'un avis de recherche violet d'Interpol depuis 2013, au motif de suspicion de pêche illégale Photo: Simon AgerLe Bob Barker, sous les ordres du capitaine suédois Peter Hammarstedt, et son confrère le Sam Simon, sous les ordres du capitaine indien Sid Chakravarty, ont porté secours aux 40 membres d'équipage du Thunder, qui avaient tous embarqué sur les canots de sauvetage avant que le navire ne sombre.

Avant que le Thunder ne soit totalement submergé, les membres d'équipage de Sea Shepherd ont pu monter à bord et recueillir des preuves sur le navire en perdition, notamment une légine congelée qui fut ultérieurement remise à la police.

Sea Shepherd a joué un rôle de premier plan pour que justice soit infligée aux officiers du Thunder, en veillant à ce que les échappatoires couramment employées pour éviter les poursuites ne puissent pas être exploitées.

Les capitaines Hammarstedt et Chakravarty ont fourni des informations détaillées sur l'incident et l'opération de sauvetage aux autorités compétentes de São Tomé e Príncipe et allemandes, ainsi qu'à Interpol, l'organisation de police internationale. Grâce à ces informations, tout l'équipage du Thunder a été placé en garde à vue dès son arrivée à São Tomé e Príncipe, où le capitaine et deux officiers sont demeurés en détention depuis lors.

La transmission méticuleuse des preuves et le maintien d'une chaîne de sécurité sont à la base du succès remporté dans l'affaire contre le Thunder.

Les capitaines de Sea Shepherd et Simon Ager, photographe de l'association faisaient partie des membres d'équipage de l'association montés à bord du Thunder pendant son naufrage ; ils ont également témoigné lors du procès des trois officiers. Les témoins de Sea Shepherd ont présenté leurs dépositions et répondu au contre-interrogatoire lors d'une session de dix-sept heures au tribunal.

Le capitaine Hammarstedt a déclaré à propos du procès : "Bien que le tribunal de São Tomé e Príncipe ne soit pas compétent pour traiter directement le cas de pêche illicite dans l'Antarctique, il a fait preuve de courage et de volonté pour s'y attaquer indirectement, comme le montre l'accusation de falsification du permis de pêche. Il donne ainsi l'exemple aux autres nations partout dans le monde pour lutter contre le problème endémique de pêche IINR."

Sea Shepherd a félicité les autorités de São Tomé e Príncipe pour leur prompte réaction au problème et leur volonté de traduire les braconniers en justice.

"La coordination nécessaire entre les agences internationales - dont Sea Shepherd - et les forces de répression qui a conduit à ces condamnations constitue une tâche colossale, irréalisable sans la volonté de São Tomé e Príncipe de mener les investigations. Je félicite vivement toutes les personnes dont l'implication a permis d'obtenir un résultat aussi incroyable en si peu de temps", a déclaré le capitaine Chakravarty.