La semaine dernière, au cours d’une patrouille dans les eaux des îles Féroé, l’équipage du Sam Simon, navire de Sea Shepherd, a découvert la carcasse d’un globicéphale flottant au large de Klaksvík dans la baie de Kalsoyar située au nord-est de l’archipel.

La carcasse de globicéphale retrouvée avec des morceaux manquants et une corde nouée autour de son cou et de sa queue - Photo : Iraultza Darias

La carcasse de globicéphale retrouvée avec des morceaux manquants
et une corde nouée autour de son cou et de sa queue.
Photo : Iraultza Darias

Après une inspection plus approfondie, l’équipage a fait plusieurs découvertes macabres et dérangeantes :

1. La carcasse du globicéphale portait le nombre "30" gravé sur le côté de sa tête, juste au-dessus de la mâchoire, entre la joue et l’oreille. Les dauphins qui sont massacrés au cours d’un grindadráp sont marqués de cette manière pour la distribution de la viande. Qu’il ait été la victime d’un grindadráp est donc une évidence.

2. Hormis son ventre qui semblait avoir été ouvert au couteau (probablement pour en sortir les intestins), la carcasse d’environ 5,6 mètres de long, était quasiment intacte. Cette observation est en contradiction totale avec la pratique "standard" supposément respectée par les participants au grindadráp, qui consiste à découper les globicéphales pour en distribuer, ensuite, la viande.

3. La carcasse avait une corde nouée autour de sa tête et de sa queue, indiquant que l’animal aurait été lesté intentionnellement afin qu’il coule au fond de l’eau.

Le nombre 30 gravé dans la joue du globicéphale et la corde autour de son cou sont clairement visibles -Photo : Iraultza Darias

Le nombre 30 gravé dans la joue du globicéphale et
la corde autour de son cou sont clairement visibles
Photo : Iraultza Darias

Le grindadráp du 23 juillet à Tórshavn est le seul auquel les équipages de Sea Shepherd n’ont pu assister dans son intégralité et notamment au moment de la distribution de la viande. C’est donc le seul massacre pour lequel les équipes de Sea Shepherd ne peuvent pas confirmer que toute la viande a bien été distribuée. De ce fait, Sea Shepherd soupçonne que le globicéphale numéro 30 a bien été massacré pendant le grind de Tórshavn.

Toutefois, trois questions restent en suspens : Pourquoi la carcasse de globicéphale était-elle en si "bon" état ? Pourquoi toute la viande de ce globicéphale n’a-t-elle pas été distribuée, comme le demande la pratique standard du grindadráp ? Et pourquoi le globicéphale était-il lesté pour couler, comme cela semble être le cas ?

Rosie Kunneke, la responsable des équipes à terre de Sea Shepherd, pense que de nombreux globicéphales tués au cours du massacre de Tórshavn ont tout simplement été jetés, les animaux étant trop nombreux à traiter par les autorités locales avant que la viande ne devienne impropre.

Interrogée depuis l’Afrique du Sud, Kunneke a confirmé que "le massacre de Tórshavn s’est bien déroulé tard dans la nuit du 23 juillet, ce qui signifie que la viande n’a pu être distribuée que le jour suivant. Compte tenu de cette heure tardive et du grand nombre de globicéphales tués, il est fort probable que la viande ait pourri avant de pouvoir être distribuée. Ces magnifiques créatures ont probablement juste été rejetées à la mer et lestées dans le but de dissimuler cet abject mépris de la vie animale."

L’équipage du Sam Simon fait la macabre découverte et envoie un petit bateau pour en apprendre davantage sur la carcasse - Photo : Sea Shepherd

L’équipage du Sam Simon fait la macabre découverte et
envoie un petit bateau pour en apprendre davantage sur la carcasse
Photo : Sea Shepherd

Un tel gaspillage n’est pas rare. En 2010, suite au massacre de 62 globicéphales sur la plage de Viðvík, des rapports ont indiqué que la plupart des corps avaient été jetés. Comme lors du grindadráp du 23 juillet à Tórshavn, les globicéphales avaient été tués tard dans la nuit et la distribution de la viande avait été repoussée au lendemain. En conséquence, la grande majorité de la viande avait pourri et avait donc été jetée.

"Ces preuves sont en contradiction totale avec ce que déclarent les participants au grind qui affirment que la viande de baleine est nécessaire à l’alimentation des Féringiens ", a commenté le capitaine Alex Cornelissen, directeur général de Sea Shepherd Global. "Quel intérêt peut-il y avoir à rejeter un globicéphale tel que celui-ci après l’avoir tué ? C’est une preuve supplémentaire que ce qui motive la tenue d’un grindadráp est bien le plaisir de tuer. C’est une pratique aberrante, cruelle, inutile et rétrograde qui n’a plus sa place au 21e siècle."

Ce mardi, des membres d’équipage de Sea Shepherd se sont rendus au poste de police de Tórshavn pour demander des informations supplémentaires sur ce qu’il était advenu des corps des 142 globicéphales massacrés à Tórshavn, le 23 juillet. Cependant, le "sysselmann", qui est un agent de police et également l’administrateur du grindadráp local a répondu qu’il "ne parlait pas aux gens de Sea Shepherd."

La carcasse mesurait 5,6 mètres, aussi long que notre petit bateau - Photo : Sea Shepherd

La carcasse mesurait 5,6 mètres,
aussi long que notre petit bateau
Photo : Sea Shepherd

Un membre d’équipage de Sea Shepherd tient la corde trouvée nouée autour du cou et de la queue du globicéphale - Photo : Iraultza Darias

Un membre d’équipage de Sea Shepherd tient la corde
trouvée nouée autour du cou et de la queue du globicéphale
Photo : Iraultza Darias